Spatangidae

Les Spatangidae montrent une « spécialisation » plus prononcée de certaines régions du test.
L’apparition et le développement des fascioles. Zones rubannées très finement granuleuses, supportant de fines soies chez les espèces actuelles et dont les mouvements créent des courants d’eau sur le pourtout du test. Sous-anal, latéral, marginal, péripétale ou endopétale, ils vont délimiter la zone reproductrice (régions apicale et pétaloïde), la zone nourricière (région buccale), la zone excrétrice (région anale).

Parallélement, nous assistons à un enfoncement dans le test des zones pétaloïdes, protégeant sans doute plus efficacement à la fois, les podias respiratoires et les jeunes oursins à l’état larvaire, au moins au tout début de leur développement.

Dans la zone nourricière, une évolution des zones périplastronales aboutissant à la bouche, voit se développer chez certains genres une « lèvre » ou labrum à fonction de « labourage » du sédiment à la manière d’une pelle.

Toutes ces évolutions sont à mettre en relation avec des changements dans leur milieu et leur mode de vie. Les Spatangidae colonisent des milieux de plus en plus profonds et s’enfoncent de plus en plus dans les sédiments, dans des endroits où les courants d’eau sont moins forts et la nourriture plus difficile à trouver.

Il semblerait que ces changements de milieu de vie soient en réaction à une plus grande « pression de prédation » dans les zones moins profondes.

Distinction des genres

Epiaster ne possède pas de fasciole ( mais quelques individus montrent une tendance) ;

Hemiaster montre la présence d’un fasciole péripétale ;

Micraster possède un fasciole sous-anal (mais chez certains exemplaires , il est diffus ou absent).
Le genre Isomicraster a, semble-t-il, été crée pour les Micraster sans fasciole.

(Remarquons que les fascioles étant en surface du test, il devient impossible de distinguer et de déterminer avec certitude tous les moules internes, qu’ils soient silicifiés ou non.)

test cordiforme

– appareil apical tetrabasal (4 génitales)

– partie pétaloïde des zones ambulacraires en général excavées dans le test

– développement d’un plastron face orale et de zones periplastronales dont la constitution granuleuse va constituer un des critères de reconnaissance des Micraster. (se reporter aux travaux de M. Fouray)

Campanien

Micraster cf. schroderi sous réserves

 

La craie campanienne champenoise livre peu de Micraster. Micraster brongniarti est cité à Epernay. L’Aube n’a livré pour l’instant aucun Micraster déterminable. Seuls quelques fragments ont été recueillis dans la craie à Magas pumilus de la Marne, au voisinage de l’Aube.

Nous avons trouvé, en piteux état, dans la craie immédiatement sous la couverture tertiaire du plateau de Brie en Seine et Marne, un Micraster que l’on peut rapporter sous toutes réserves à M. schroderi. Recollé, presque plaque par plaque, il montre malgré tout un sillon impair très étroit et une bouche très proche du bord marginal.

Santonien

Micraster coranguinum

Chez M. coranguinum, le sillon interporifère (flèche rouge) est bien creusé et forme une gouttière rectiligne ; le fasciole est bien net et les zones periplastronales sont très granuleuses. Dans cet exemplaire, la granulation parait recréé un pseudosillon partant de la bouche jusqu’au fasciole. Nous assistons au renforcement des critères d’évolution mis en place dès la fin du Turonien, chez les M. leskei évolués.

Coniacien

Micraster decipiens

Le sillon interporifère est bien marqué et devient rectiligne ; les zones périplastronales sont très granuleuses.

A ce niveau les echinologistes anglosaxons ne reconnaissent pas l’espèce M. decipiens et gardent comme valide l’espèce Micraster cortestudinarium.

En Normandie existe une population bien caractérisée : Micraster normanniae. Ce Micraster ne semble pas être présent dans l’Aube.

Dans le Coniacien, nous trouvons parfois des Micraster à forme élevée conique révèlant souvent l’absence de fasciole sous-anal. Nous serions en présence d’Isomicraster ? Nous les rentrons en collection sous la dénomination Micraster senonensis.

 

Turonien

Micraster beonensis

Dans l’Aube, la partie terminale du Turonien est difficile à différencier du Coniacien. Elle correspond à la zone que les auteurs anciens appelaient « Craie de Vervins ». Les récoltes d’échinides montrent de gros oursins appelés M. beonensis, M. renati que M. Fouray regroupe sous l’appellation générique de « gros » M. leskei ou leskei évolués. Ces oursins montrent une évolution de la zone interporifère qui de « lisse » chez leskei devient séparée en son milieu par un sillon en « zig-zag » puis bordé par des tubercules ; et par l’envahissement des zones périplastronales « sablées » de leskei par des « granulations » puis des « tubercules ».

zone interporifère avec un sillon en zig-zag

zone interporifère lisse non évoluée

zone périplastronale avec granules en chainettes

zone périplastronale « sablée » avec envahissement par des granules

Ces gros oursins ne montrent pas l’ensemble de ces évolutions et gardent, pour une part, un ou plusieurs critères de leskei. En revanche, ces évolutions sont stabilisées, puis développées chez les Micraster du Coniacien et du Santonien.

Micraster leskei adulte

 

Chez les vrais leskei, les zones periplastronales montrent une fine granulation homogène et ne sont jamais envahies par des gros tubercules ou des amas de granulations

Micraster leskei juvénile

Micraster sanctae-maurae

A. PERON a décrit l’existence, dans l’Aube dès le Turonien moyen, d’une faune de tout petits Micraster qu’il a denommé Micraster sanctae-maurae et qu’il considère comme une espèce à part entière. Il ne semble pas que cet oursin ait été retrouvé ailleurs à ce niveau stratigraphique. Beaucoup d’auteurs considèrent qu’il ne s’agit que d’un juvénile de Micraster leskei. Comment se fait-il que plus de 30 ans de recherches n’ont livré aucun specimen adulte de M. Leskei à ce niveau, ni aucun autre oursin d’ailleurs ? Lors de travaux dans une zone industrielle les membres de l’AGA ont récolté moins d’une dizaine d’exemplairesde Micraster sanctae-maurae, 2 ou 3 étant bien conservés. Ils montrent des différences significatives avec les petits M. leskei. La population n’est pas encore assez nombreuse pour établir l’espèce de façon certaine. Attendons de nouvelles récoltes…

Cenomanien

Epiaster distinctus

La vue grossie révèle bien l’absence de fasciole péripétale.

Hemiaster bufo

Le sommet n’est pas au même endroit que l’appareil apical. Il est fortement déplacé vers l’arrière chez H. bufo.

Ce petit Hemiaster (ci-dessous) ne provient pas de l’Aube. Il montre un fasciole peripétale particulièrement net.

Albien

Epiaster ricordeaui

Il s’agit ici d’un moule interne donc impossible de savoir si il y avait un fasciole (calcaires argileux de Courcelles banc « b »).

Hemiaster cossignyi

L’appareil apical et le fasciole, ainsi que l’ornementation sont bien préservés. (nodules rouges du Perchois)

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